Allocution de Goldy Hyder au Canadian Club de Toronto le 18 octobre 2023

Pourquoi le Canada n’est-il pas un géant économique ?

C’est la question que posait le mois dernier le Financial Times, basé au Royaume-Uni. Selon ce journal, la proximité des États-Unis et les autres avantages concurrentiels naturels du Canada devraient faire de lui une puissance économique. Et pourtant : « peu de gens en parlent en ces termes ».

Je ne suis pas d’accord avec l’article : nous sommes un géant économique. Le problème, c’est que le géant est endormi.

Nos avantages concurrentiels considérables nous ont amenés à nous reposer sur nos lauriers. Nous nous contentons d’un « assez bon ».

Nous avons perdu la volonté… de réaliser de grandes choses… de célébrer nos succès… de collaborer à une vision commune de la prospérité pour nous-mêmes et les générations à venir.

Annette et moi sommes ici pour lancer un appel au réveil.

Voici ce que nous pouvons faire pour nous sortir de cette complaisance et réveiller le géant économique canadien.

Prenons l’exemple des ressources naturelles du Canada.

Un géant économique se fait le champion des grands projets qui profitent à tous les Canadiens. C’est d’autant plus vrai que nous travaillons d’urgence à notre transition énergétique. Si nous nous engageons à réduire les émissions de carbone, nous devons faire en sorte que les projets soient approuvés et réalisés en un temps record.

Nous avons besoin de réseaux électriques élargis, d’un accès à des gisements de minéraux critiques, de corridors d’infrastructure améliorés et de bien d’autres choses encore, alors que nous nous dirigeons vers un avenir carboneutre.

La décision de la Cour suprême de la semaine dernière sur la Loi sur l’évaluation d’impact met en évidence la nécessité d’une vision nationale claire sur la façon dont nous développons et approuvons les grands projets au Canada.

Le moment est venu pour le gouvernement fédéral de tenir l’engagement qu’il a pris dans le Budget de 2023 d’accélérer le processus de délivrance des permis pour les grands projets. D’autres pays n’attendent pas. Ils vont déjà de l’avant. Les États-Unis et l’Union européenne sont en train de finaliser des plans visant à réduire considérablement les délais d’obtention des permis pour certains projets.

Les entreprises investissent activement dans de nouveaux projets d’énergie propre. L’Alliance nouvelles voies est un excellent exemple d’entreprises du secteur privé qui s’unissent pour atteindre la carboneutralité dans les sables bitumineux du Canada. Mais l’Alliance et d’autres projets attendent que le gouvernement fédéral précise la voie à suivre. Cela comprend les détails des crédits d’impôt annoncés dans le budget du printemps, qui sont censés réduire les risques des investissements potentiels.

Il s’agit là encore d’un exemple où le Canada est endormi alors que d’autres pays sont pleinement éveillés. À l’heure actuelle, les incitations fiscales aux États-Unis attirent des investissements dans les énergies propres du monde entier, y compris du Canada.

Nous devons nous réveiller et faire avancer nos propres projets.

Le partenariat avec les Autochtones sera également un élément clé de ces projets. C’est pourquoi le Conseil canadien des affaires continue de demander au gouvernement fédéral de garantir les prêts accordés aux investisseurs autochtones afin qu’ils puissent participer pleinement aux projets de leur choix, selon leurs propres conditions. Sur ce point, au-delà des garanties de prêts, nous pouvons et devons faire beaucoup plus pour faire avancer la réconciliation autochtone dans ce pays.

C’est un sujet qui, je le sais, tient également à cœur à Annette.

Bien entendu, l’un des plus grands avantages concurrentiels du Canada réside dans les relations étroites avec son voisin, les États-Unis.

Pensez à tout ce que nous partageons :

  • La plus longue frontière non défendue.
  • Des liens personnels solides et enviables.
  • Une base manufacturière tellement intégrée que les produits traversent souvent la frontière plusieurs fois au cours de leur fabrication.

Pourtant, là aussi, je crains que nous ne soyons devenus complaisants.

Nous ne devrions jamais considérer nos relations avec les États-Unis comme acquises. Et ne vous y trompez pas, notre réputation internationale est liée à la santé de nos relations avec notre principal voisin et partenaire commercial.

Lorsque le président Joe Biden s’est adressé au Parlement canadien en mars, il a énuméré trois responsabilités communes : la prospérité, la sécurité et les valeurs.

En ce qui concerne la prospérité, nous devons respecter les engagements que nous avons pris dans l’Accord Canada–États-Unis–Mexique pour assurer la vitalité économique de l’Amérique du Nord.

En ce qui concerne la sécurité, nos pays doivent travailler ensemble pour protéger nos populations et nos économies de ceux qui nous veulent du mal. La sécurité économique est la sécurité nationale.

Hier même, j’étais à l’Université de Stanford pour une réunion avec les chefs des agences de renseignement du Groupe des cinq. La sécurité représente un partenariat, une responsabilité partagée et doit être prise au sérieux.

En ce qui concerne les valeurs communes, nous devons défendre la démocratie et la primauté du droit, et nous devons respecter nos engagements internationaux.

Aussi important que soit tout cela, rien n’est possible sans discipline budgétaire. Pour réveiller notre géant économique, nous devons mettre de l’ordre dans nos finances publiques.

Notre dette fédérale a plus que doublé au cours des trois dernières années. Les frais de la dette publique sont en hausse de 23 % d’une année sur l’autre. Nous ne pouvons tout simplement pas continuer à dépenser de l’argent que nous n’avons pas.

Nous continuons d’exhorter le gouvernement fédéral à adopter un point d’ancrage budgétaire réaliste — en particulier celui préconisé par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge. Ce point d’ancrage limiterait les coûts du service de la dette à un maximum de 10 % des recettes, afin que nous puissions vivre selon nos moyens.

Cette semaine, j’ai écrit à la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, pour lui présenter les priorités que les chefs d’entreprise estiment qu’elle doit aborder lors de son Énoncé économique de l’automne.

La responsabilité budgétaire figure au premier rang des priorités.

Si nous souhaitons que nos enfants aient le même niveau de vie, voire un meilleur niveau, que celui dont nous avons eu le privilège de bénéficier, nous ne pouvons pas les encombrer d’une montagne de dettes.

J’ai récemment pris connaissance d’un sondage d’opinion dans lequel 65 % des personnes interrogées estimaient que la prochaine génération de Canadiens aurait un niveau de vie inférieur. J’en suis attristé. Et je crois sincèrement que nous pouvons changer ce chiffre.

Nous pouvons le changer en adoptant une stratégie de croissance économique à long terme qui joue sur nos forces et qui commence MAINTENANT.

Il s’agit d’un appel à l’action pour nous tous… les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux… les grandes entreprises et les petites et moyennes entreprises… les syndicats… les peuples autochtones… et la société civile dans toutes les régions du pays.

C’est pourquoi, il y a deux ans, le Conseil canadien des affaires a contribué à la création de la Coalition pour un avenir meilleur. La Coalition rassemble plus de 100 organismes différents, issus de l’ensemble de la société civile, afin de plaider en faveur d’une croissance économique inclusive et durable.

Nous devons travailler ensemble.

Nous devons nous réveiller, exploiter nos forces et célébrer nos réussites.

Nous devons nous rallier à une vision commune de la prospérité pour notre pays qui :

  • soutient et défend l’innovation canadienne,
  • garantit que tous les travailleurs possèdent les compétences nécessaires pour réussir dans la nouvelle économie,
  • est fier des entreprises qui passent de petites entreprises à de grandes entreprises capables de rivaliser avec les meilleures du monde.

Si je suis passionné par ces questions et par la nécessité de réaliser le potentiel inexploité du Canada, Annette l’est sans doute encore plus.

Chef d’entreprise respectée et entrepreneuse en série, Annette a fait carrière en disant la vérité au pouvoir.

J’ai le plaisir de me joindre à Annette pour ce qui sera, j’en suis sûr, une excellente discussion.

Merci.