Respecter les obligations du Canada à l’égard de l’OTAN
Lettre au très honorable Justin Trudeau, C.P., député, Premier ministre du Canada, à l’approche du sommet de l’OTAN de 2024, concernant les engagements du Canada en matière de dépenses de défense.
Monsieur le Premier Ministre —
Alors que vous rentrez chez vous après les cérémonies émouvantes marquant le 80e anniversaire du jour J, nous espérons que vous revenez au Canada avec une appréciation renouvelée du rôle vital que jouent les Forces armées canadiennes dans la sauvegarde de notre souveraineté nationale et de la sécurité collective de nos alliés internationaux.
Bien que nous ayons soutenu certains aspects de la récente mise à jour de la politique de défense de votre gouvernement, son principal défaut est qu’elle ne présente pas de plan permettant au Canada d’honorer son engagement de longue date d’augmenter ses dépenses de défense jusqu’à l’équivalent de deux pour cent de son produit intérieur brut (PIB).
En outre, contrairement à ce que nous avons toujours préconisé, les plans d’investissement décrits dans la mise à jour de la politique de défense ne se sont pas avérés durables. En particulier, rien n’indique que les nouveaux investissements dans la défense seront compensés par une révision stratégique des programmes qui réaffecte des fonds provenant d’autres secteurs du gouvernement.
Vous vous demandez peut-être pourquoi une organisation composée des dirigeants des plus grandes entreprises du Canada prendrait position sur les dépenses de défense. Avant tout, nous sommes de fiers citoyens qui estiment que notre pays doit avoir la capacité souveraine de protéger les Canadiens dans un monde beaucoup plus turbulent, marqué par l’augmentation des tensions géopolitiques.
La deuxième raison est que, comme tous les Canadiens, nous croyons que notre pays doit tenir sa parole une fois qu’il l’a donnée. Notre position sur la scène internationale est compromise lorsque nous nous dérobons à nos responsabilités et ne partageons pas les fardeaux liés au maintien de l’ordre mondial ouvert et libre, qui a apporté aux Canadiens un niveau de sécurité et de prospérité sans précédent.
Soyons clairs : le monde nous observe. Le mois dernier, vous avez reçu une lettre de 23 sénateurs américains, démocrates et républicains, qui reprochaient aux Canadiens leur insuffisance en matière de dépenses de défense. En réalité, les chefs d’entreprise canadiens reçoivent des appels et des questions semblables lorsqu’ils voyagent à l’étranger et visitent les capitales de nos principaux alliés.
Le mois prochain, vous serez à Washington, D.C., pour un autre événement important célébrant le 75e anniversaire de l’OTAN. On craint de plus en plus que le Canada — l’un des 12 membres fondateurs — ne soit pointé du doigt lors de ce sommet comme étant le seul membre de l’alliance de 32 pays à ne pas s’être engagé à investir au moins deux pour cent de son PIB dans la défense d’ici à la fin de la décennie.
Les conséquences de cet isolement diplomatique, en matière de sécurité et de partenariats économiques, auront de vastes répercussions pour tous les Canadiens. Heureusement, il n’est pas trop tard. Votre gouvernement pourrait encore faire une déclaration publique avant le sommet, indiquant qu’il réexaminera et révisera ses plans de dépenses de défense afin d’atteindre deux pour cent d’ici 2029-30.
Nous vivons une époque de plus en plus périlleuse et incertaine. Il est essentiel que les Canadiens collaborent avec nos alliés de l’OTAN pour défendre nos frontières, nos intérêts et nos valeurs. Si, en tant que pays, nous n’investissons pas ce montant repère dans la défense, comme l’ont promis les gouvernements canadiens successifs, dont le vôtre, nous mettrons en péril des vies et des moyens de subsistance.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.
Goldy Hyder