Prendre des mesures concrètes pour construire un avenir meilleur
Dans une lettre adressée à la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland en prévision de l’Énoncé économique et financier, Goldy Hyder identifie trois domaines d’action.
Madame la Vice-première ministre,
Félicitations pour le discours que vous avez prononcé la semaine dernière à la Brookings Institution, dans lequel vous avez éloquemment plaidé en faveur du renforcement des liens économiques entre les démocraties libérales pour faire contrepoids aux régimes autoritaires. Vos remarques ont clairement établi que nous devons passer à l’action – le Canada doit prendre des mesures concrètes pour soutenir ceux qui partagent nos valeurs politiques et morales.
Dans votre discours, vous avez promis que le gouvernement fédéral mettra en œuvre rapidement « les projets énergétiques et miniers dont nos alliés ont besoin pour chauffer leurs maisons et fabriquer des véhicules électriques ». Les chefs d’entreprise du Canada saluent cet engagement et sont prêts à investir les sommes importantes qu’il faudra pour le concrétiser. Les Canadiens doivent démontrer au monde entier que nous pouvons mener à bien de grands projets et mettre en place l’infrastructure nécessaire pour accéder aux marchés mondiaux.
Toutefois, pour que les grands projets puissent avancer, les investisseurs nécessitent une prévisibilité réglementaire et une bonne compréhension des « règles du jeu ». À cette fin, je vous incite à inclure dans l’Énoncé économique de l’automne une déclaration claire de la politique gouvernementale dans ce domaine et les mesures précises que vous et vos collègues du Cabinet prendrez pour l’appuyer. Cela enverrait un signal important et nécessaire aux investisseurs, aux alliés internationaux et aux promoteurs de projets. Cela apporterait également les précisions dont les entreprises ont besoin pour soutenir les investissements de plusieurs milliards de dollars qui permettront au Canada de respecter ses engagements en matière de climat.
Une telle déclaration devrait décrire en détail les types de projets que le gouvernement est prêt à mettre en œuvre rapidement et les processus d’examen accélérés auxquels ils seront soumis. Elle devrait également décrire les incitations – financières ou autres – que le gouvernement mettra en place pour répondre à celles contenues dans l’Inflation Reduction Act des États-Unis. Sans ces précisions, il serait impossible pour les chefs d’entreprise canadiens de prendre des décisions d’investissement éclairées.
Dans des allocutions distinctes prononcées hier au Canada, vous avez souligné deux autres domaines dont les chefs d’entreprise souhaitent que le prochain Énoncé économique d’automne traite davantage : la prudence financière et l’immigration économique.
Prudence financière
Vous et vos collègues avez fait des progrès encourageants en vue de réduire le déficit fédéral et le ratio de la dette-PIB. Le rapport du directeur parlementaire du budget (DPB) publié la semaine dernière prévoit un déficit égal à 0,9 % du PIB en 2022-2023, comparativement à 3,9 % en 2021-2022, en supposant le maintien de la politique actuelle.
Parallèlement, les parlementaires et tous les Canadiens doivent reconnaître à quel point la hausse des taux d’intérêt fait augmenter le coût du service de la dette fédérale de 1 400 milliards de dollars. Selon le DPB, les frais de la dette publique devraient plus que doubler par rapport à leur niveau de 2020-2021, pour atteindre 47,6 milliards de dollars en 2027-2028. Une récession grave ou prolongée pourrait facilement faire grimper ce chiffre bien plus haut, entraînant des conséquences extrêmement néfastes pour le cadre budgétaire. Raison de plus, donc, pour résister à la pression en faveur de nouveaux programmes de dépenses importants et rester fermement concentré sur l’objectif de réduction du déficit global.
Comme vous l’avez noté avec justesse dans vos propos hier, des dépenses publiques inutiles en ce moment reviendraient à verser de l’huile sur le feu inflationniste.
Augmentation de l’immigration économique
Comme vous l’avez souligné hier, le Canada doit accueillir davantage d’immigrants possédant les compétences et les connaissances dont les entreprises ont besoin. La semaine dernière, j’ai écrit au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour souligner l’importance de l’immigration dans l’atténuation du marché du travail extrêmement serré du Canada, qui constitue un frein à la croissance économique.
Dans un sondage mené récemment auprès des principaux employeurs du pays, 80 % d’entre eux ont déclaré avoir des difficultés à trouver les travailleurs qualifiés dont ils ont besoin pour se développer et être compétitifs au niveau mondial. En raison de ces pénuries, 67 % ont annulé ou retardé des projets importants. Quelque 30 % ont été contraints de délocaliser leur travail à l’extérieur du Canada. Compte tenu du vieillissement de la population active et de la baisse du taux de participation au marché du travail, la prospérité future du Canada dépend d’une hausse supplémentaire du nombre de demandeurs de la catégorie économique qui obtiennent le statut de résident permanent.
Pour cette raison, nous proposons que le plan des niveaux d’immigration 2023-2025 adopte un objectif d’admission annuel égal à 1,2 % de la population du Canada, et que 65 % des nouveaux résidents permanents entrent au pays dans le cadre d’un programme de catégorie économique. À l’appui de cet objectif, nous recommandons que l’Énoncé économique de l’automne prévoie des fonds supplémentaires pour moderniser rapidement les systèmes informatiques d’immigration, ouvrir de nouveaux centres de traitement et augmenter le nombre d’agents frontaliers et le personnel des services d’établissement.
En conclusion, Madame la Vice-première ministre, je tiens à vous assurer que les membres du Conseil canadien des affaires sont déterminés à collaborer avec vous et tous les parlementaires afin de bâtir un avenir meilleur pour tous les Canadiens. Je vous remercie de votre service au pays.
Je vous prie d’agréer, Madame la Vice-première ministre, l’expression de mes sentiments distingués.
Goldy Hyder