Lettre au ministre des finances, Bill Morneau, décrivant les mesures visant à renforcer la confiance du public et à préparer le terrain pour un reprise économique durable.

Monsieur le Ministre,

Il y a 100 jours exactement, les membres du Conseil canadien des affaires ont publié une lettre ouverte exhortant leurs homologues de partout au pays à se joindre à eux pour lutter ensemble contre la COVID-19.

Des entreprises dans tous les secteurs ont agi rapidement. Dans les industries de l’énergie, de l’agroalimentaire et des transports, notamment, les entreprises fournissant des services essentiels aux Canadiens ont adopté de nouvelles lignes directrices strictes visant à protéger la santé et la sécurité des travailleurs de première ligne.

Des entreprises de toutes les tailles et de toutes les régions ont fermé les portes de leurs bureaux et prévu des aménagements de télétravail pour les fonctions considérées non essentielles. Alors que des milliers de Canadiens étaient coincés à l’étranger en raison des restrictions relatives à l’espace aérien et aux frontières, des sociétés de télécommunications et des transporteurs aériens ont travaillé avec des représentants du gouvernement fédéral pour communiquer avec les voyageurs et les rapatrier en toute sécurité.

Bien que des mises à pied se sont avérées inévitables dans certains cas, bon nombre d’employeurs importants au Canada ont déployé des efforts spéciaux pour maintenir en poste leurs employés, qu’il y eût ou non du travail à effectuer ou des clients à servir.

Pendant ce temps, des entreprises dans l’ensemble du Canada ont répondu à l’appel pour s’assurer que les travailleurs de première ligne dans le domaine de la santé disposaient d’équipement de protection individuelle et d’équipement médical en quantité suffisante pour sauver la vie des Canadiens et les soigner. En outre, pour atténuer les répercussions économiques de l’urgence sanitaire, les grandes entreprises du Canada ont donné des centaines de millions de dollars sous forme de financement et d’autres ressources à des banques alimentaires et divers organismes de bienfaisance.

À l’heure actuelle, alors que l’urgence sanitaire se fait moins pressante, nous prêtons main-forte pour diriger la « promesse APRÈS », une campagne de sensibilisation pancanadienne liée à la COVID-19 qui vise à assurer la sécurité des clients, des employés et des collectivités pendant le redémarrage de l’économie.

En tant qu’association de dirigeants d’entreprises de tous les secteurs et de toutes les régions du pays, le Conseil canadien des affaires est ravi d’avoir eu l’occasion de travailler étroitement avec votre gouvernement afin de lutter contre la pandémie. Votre soutien personnel, ainsi que celui d’autres membres du Cabinet et du premier ministre, est très apprécié et a grandement contribué à rassurer les Canadiens dans une période où ils en avaient bien besoin.

Alors que nous nous tournons vers l’avenir, nous croyons qu’un esprit de collaboration semblable entre les secteurs public et privé offre le meilleur espoir d’une relance solide et saine qui profitera aux Canadiens de toutes les collectivités et de tous les milieux.

Certains des défis économiques auxquels se heurte le Canada sont intrinsèquement structurels et n’ont pas de lien avec la pandémie. Si on ne s’y attaque pas, ils continueront de nuire à la création d’emplois et aux investissements commerciaux alors que la crise de la COVID-19 se résorbe. Par exemple, la population de notre pays est vieillissante, nos systèmes de réglementation créent des fardeaux inutiles et notre régime fiscal est de moins en moins compétitif par rapport aux normes internationales.

Notre Groupe de travail sur l’avenir économique du Canada a abordé chacun de ces défis dans son rapport d’octobre 2019. Selon nous, les recommandations du rapport sont encore plus pertinentes ces jours-ci, en raison du taux élevé de chômage, de la dette importante du gouvernement et de la nécessité d’adopter des politiques favorisant la croissance à long terme.

En même temps, le gouvernement fédéral pourrait mettre en oeuvre un certain nombre de mesures à court terme afin de rehausser le niveau de confiance de la population et d’aider à préparer le terrain pour une relance économique durable :

Continuer à augmenter le nombre de tests de dépistage de la COVID-19 et intensifier la recherche de contacts. Maintenant que la première vague d’infection est passée, nous devons faire preuve de vigilance afin d’éviter d’autres éclosions. Nous exhortons le gouvernement fédéral à continuer de travailler étroitement avec les provinces et les territoires dans le but de mettre en oeuvre une stratégie globale et pancanadienne de dépistage de la COVID-19 et de recherche de contacts, qui comprend un déploiement à grande échelle d’une application numérique pour le retraçage des contacts.

Assouplir certaines restrictions liées aux voyages. Pendant le pic de la pandémie, il était logique d’interdire les déplacements internationaux non essentiels et d’exiger que les personnes arrivant d’un autre pays s’isolent durant 14 jours. Il est maintenant temps d’assouplir certaines de ces restrictions en adoptant une approche de gestion des risques fondée sur des données probantes. Comme première étape, le Canada devrait autoriser les déplacements par avion non essentiels à destination et en provenance des pays qui ont démontré un taux de réussite élevé dans leurs efforts de lutte contre le virus. Il est également temps d’éliminer les restrictions liées aux voyages interprovinciaux. Il n’est plus justifié d’interdire aux Canadiens d’explorer leur propre pays.

Fournir un soutien immédiat aux secteurs des voyages, du tourisme et de l’accueil, qui ont été gravement touchés. La COVID-19 a durement touché les transporteurs aériens, les hôtels, les restaurants ainsi que les exploitants d’entreprises touristiques. Assouplir les restrictions liées aux voyages atténuera un peu les effets négatifs, mais il faudra probablement des années avant que les industries du voyage et de l’accueil ne s’en remettent plus ou moins complètement. Le gouvernement fédéral pourrait leur venir en aide en offrant des garanties de prêt, en adoptant des incitatifs fiscaux pour promouvoir les voyages au sein du pays et en permettant aux exploitants d’entreprises touristiques et aux voyagistes gravement touchés de bénéficier de la Subvention salariale d’urgence du Canada en prolongeant le programme jusqu’à la fin de l’année, à tout le moins.

Approuver plus rapidement des projets d’infrastructure et les investissements à ce chapitre. Pour aider les Canadiens à retourner rapidement au travail, le gouvernement devrait accélérer les projets nationaux d’infrastructure qui favoriseront la croissance économique, la productivité et la transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone. Les priorités comprennent les initiatives de 5G et d’Internet haute vitesse; les investissements favorisant les exportations dans les couloirs de transport, les ports et les passages frontaliers; ainsi que les réseaux de production, de transmission et de distribution d’hydroélectricité. En même temps, nous ne pouvons faire fi de l’importance de se doter d’infrastructures sociales plus solides, dont des services de garde abordables et de grande qualité, un sujet sur lequel Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada, et moi-même sommes entièrement d’accord. Une plus grande coopération entre tous les ordres de gouvernement est nécessaire pour accroître l’offre en matière d’éducation et de services de garde de qualité, ce qui favorisera l’égalité des chances dans toutes les classes sociales et augmentera la participation au marché du travail.

Aider les travailleurs licenciés à effectuer une transition vers de nouveaux emplois. Le gouvernement devrait offrir des programmes de soutien à la formation aux travailleurs licenciés des secteurs qui peineront à surmonter les difficultés économiques engendrées par la COVID-19. En même temps, il est important de commencer à réduire progressivement et de manière responsable la Prestation canadienne d’urgence (PCU) du Canada afin d’éviter qu’elle ne devienne une mesure dissuasive pour le retour au travail. Une diminution en fonction du revenu et l’adoption d’un programme temporaire de prime pour les travailleurs, inspiré de l’Allocation canadienne pour les travailleurs, destiné aux employés touchant un faible revenu pourraient faire partie des modifications apportées au programme. Pendant ce temps, le gouvernement devrait s’engager à remédier aux lacunes dans l’admissibilité à l’assurance-emploi afin de fournir un appui aux personnes ayant besoin d’un soutien supplémentaire pendant qu’elles se cherchent un emploi ou qu’elles suivent une formation.

Monsieur le Ministre, les membres du Conseil canadien des affaires vous sont reconnaissants d’avoir servi notre pays en cette période exceptionnelle. Nous sommes certains que ces idées vous seront utiles, à vous et à vos collègues, pour assurer une relance économique durable et à grande échelle. Nous sommes prêts à travailler avec vous afin de bâtir un meilleur Canada.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

Goldy Hyder