Lettre à l’honorable Pierre Poilievre, C.P., député, chef de l’opposition loyale de Sa Majesté

Monsieur Poilievre, 

Avant la retraite ministérielle de cette semaine, nous avons écrit au premier ministre Trudeau pour lui présenter une liste de priorités sur lesquelles nous croyons fermement que son gouvernement doit se concentrer au cours de la session parlementaire d’automne. Nous partageons cette liste de priorités avec vous aussi, étant donné le rôle essentiel que joue l’opposition officielle dans notre système parlementaire.

Nous sommes préoccupés par l’affaiblissement de l’économie mondiale et par les contraintes qui pèsent sur l’économie canadienne, notamment les taux d’intérêt élevés, la faible productivité et la persistance de l’inflation. Comme vous l’avez souligné cet été, les Canadiens ont des difficultés financières et s’inquiètent de leur avenir et de celui de leur famille.

La liste des priorités que nous avons identifiées est celle qui, selon nous, aurait un impact immédiat et positif sur l’économie canadienne, en améliorant les perspectives de croissance durable et équitable à long terme et en renforçant la prospérité de tous les Canadiens. À défaut de répondre aux priorités suivantes, l’incertitude s’accroît et les Canadiens risquent de voir leur niveau de vie s’éroder encore davantage. 

Adopter un point d’ancrage budgétaire significatif 

La dette fédérale a plus que doublé au cours des trois dernières années. Selon la revue financière publiée aujourd’hui, les frais de la dette publique ont augmenté en juin de 55 % d’une année sur l’autre. Cette augmentation est même supérieure à celle que nous avons signalée dans notre lettre au premier ministre la semaine dernière. Par conséquent, une proportion beaucoup plus importante des recettes publiques devra être consacrée aux coûts du service de la dette. C’est pourquoi nous continuons à demander au gouvernement d’adopter un point d’ancrage budgétaire significatif. 

Plus précisément, nous souscrivons au point d’ancrage proposé par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, qui consiste à limiter les coûts du service de la dette à 10 % des recettes. 

La récente dégradation de la note de la dette américaine par Fitch Ratings est une mise en garde et une source de grande inquiétude. Par conséquent, nous sommes d’avis que l’énoncé économique de l’automne de 2023 doit démontrer l’engagement du gouvernement en faveur de la responsabilité fiscale en établissant un point d’ancrage qui guide le pays vers des dépenses durables, en tenant compte à la fois des effets de l’inflation et des taux d’intérêt. 

La mise en œuvre d’un plan de réforme de l’octroi des permis 

Le budget 2023 prévoyait l’élaboration d’un plan concret — d’ici la fin de l’année — pour accélérer l’approbation des grands projets afin de faciliter la transition énergétique, de réduire les émissions et de veiller à ce que nous puissions livrer les ressources naturelles et les minéraux critiques du Canada à nos alliés internationaux. Ce processus est en cours, mais les États-Unis et l’Europe agissent de manière beaucoup plus agressive pour réduire les délais d’approbation des projets nécessaires à la réalisation de leurs objectifs en matière de sécurité et de climat. 

Nous avons donc exhorté le gouvernement à accélérer la mise en œuvre du plan et à introduire toutes les modifications législatives nécessaires à sa mise en œuvre par le biais de la Loi d’exécution du budget, Partie II. Nous avons également demandé au gouvernement à inclure dans son plan des mesures visant à améliorer l’accès au capital pour les communautés et les entreprises autochtones. Les partenariats en capitaux propres avec les collectivités autochtones sont essentiels à l’approbation efficace et efficiente de nouveaux projets et peuvent contribuer de manière importante à la réconciliation économique.

Saisir les possibilités en matière de transition énergétique 

Le budget 2023 comprenait une série de mesures visant à stimuler l’investissement dans la transition vers l’énergie propre. Cependant, nous avons noté qu’une annonce d’intention est insuffisante lorsque d’autres pays, notamment les États-Unis, ont déjà mis en place des processus pour offrir les incitations qui attirent de nouveaux investissements du monde entier, y compris de la part d’entreprises canadiennes. 

Les entreprises canadiennes et les investisseurs internationaux ont besoin de toute urgence des détails concernant les conditions de chaque crédit d’impôt afin de déterminer comment ils réduiront les risques liés aux investissements potentiels. En l’absence de détails sur la manière dont ces incitations seront mises en œuvre, nous risquons d’être privés d’un afflux générationnel d’investissements directs tant nationaux qu’étrangers. Pour la même raison, nous exhortons le gouvernement à tenir sa promesse de rendre la tarification du carbone plus prévisible pour les projets de croissance propre. 

En partageant les priorités que nous avons soulevées avec le premier ministre, nous reconnaissons que vous et votre groupe parlementaire pouvez identifier d’autres domaines de politique publique exigeant l’attention urgente du gouvernement. Notre intention est simplement de veiller à ce que le gouvernement et l’opposition officielle aient la même compréhension des domaines sur lesquels nous, chefs d’entreprise canadiens, concentrons nos efforts. 

Je serais très heureux d’avoir l’occasion de vous rencontrer pour discuter de ces priorités ainsi que d’autres solutions politiques qui, selon nous, profiteraient à tous les Canadiens. 

Sincèrement,

Goldy Hyder

c.c.:     Mr. Jasraj Singh Hallan, c.p. 
Ministre fictif des finances et de la prospérité des classes moyennes