Les cibles climatiques, aussi nobles soient-elles, ne nous mènent pas bien loin
Publié dans le National Observer
Jeux olympiques, les juges attribuent les médailles d’or en fonction de la réalisation, et non de l’ambition. Il s’agit exactement de l’approche que nous devrions adopter afin d’évaluer les nouvelles cibles révisées (en anglais seulement) de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), soit de 40 % à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.
Certains critiques ont tôt fait de mentionner que les États-Unis et l’Union européenne avaient annoncé des cibles encore plus agressives. Toutefois, les cibles climatiques, aussi nobles soient-elles, en font peu à elles seules pour lutter contre les changements climatiques (en anglais seulement). L’important consiste à savoir si le Canada est sur la bonne voie pour franchir la ligne d’arrivée. Quelles mesures précises prenons-nous? Quel en sera le coût? Quelle incidence auront-elles sur la vie des Canadiens et des Canadiennes?
Tout athlète olympique vous le dira : pour réussir, il faut travailler avec acharnement et faire beaucoup de sacrifices personnels. De même, la transformation du système énergétique du Canada représentera un défi pour chacun et chacune de nous. Elle touchera tout ce que nous faisons et tout ce qui nous entoure : nos maisons, nos bureaux et nos véhicules, notre façon de nous déplacer à l’échelle locale et au-delà, et les genres d’emplois qui seront offerts à l’avenir. Il incombe aux gouvernements d’éduquer les Canadiens et les Canadiennes sur les coûts et les répercussions de cette transformation. La transparence est cruciale pour garantir l’appui continu du public.
Les représentants élus veulent naturellement définir l’action climatique comme une possibilité économique : Nous pouvons avoir le beurre et l’argent du beurre. Nous le pouvons, effectivement, mais seulement si les politiques que nous adoptons ont un double objectif, soit de réduire les émissions tout en générant une croissance économique durable. Pourquoi? Parce que c’est la robustesse de l’économie qui permettra de réaliser les importants investissements publics et privés nécessaires en vue de transformer le système énergétique du Canada.
Le budget fédéral (en anglais seulement) déposé récemment et le plan climatique de 2030 présenté en décembre dernier (en anglais seulement) ne contiennent que certains des éléments essentiels d’une approche complète. Il manque entre autres une stratégie générale, qui positionnerait le Canada pour réussir et tracerait la voie vers l’objectif à long terme du gouvernement, soit la carboneutralité d’ici 2050.
Il est tout aussi important d’établir un partenariat solide entre les gouvernements et le secteur privé. Bon nombre des entreprises de premier plan du Canada ont fait d’importants engagements en vue de réduire leurs émissions et d’investir dans des solutions pour le climat. Il faut toutefois un certain temps pour instaurer un changement concret; c’est pourquoi les entreprises ont besoin d’un cadre stratégique cohérent et prévisible, qui survit aux cycles électoraux.
Le gouvernement fédéral en a fourni une mesure en présentant un calendrier pour augmenter progressivement le prix du carbone jusqu’en 2030. Le fait de comprendre l’augmentation des prix d’une année à l’autre permet à chacun et chacune de nous, particuliers, familles et entreprises de toutes tailles, de prendre des décisions éclairées sur la façon dont nous souhaitons dépenser, investir et consommer.
L’augmentation du prix du carbone (en anglais seulement), toutefois, ne nous mènera pas bien loin. Le gouvernement fédéral doit en faire davantage pour encourager la recherche dans des domaines comme les technologies énergétiques de pointe, pour éliminer les obstacles stratégiques à l’innovation à carbone réduit, et pour simplifier le processus d’approbation pour les importants projets de réduction des émissions.
Il est crucial de soutenir les secteurs de l’énergie et des ressources du Canada en particulier. Ils produisent également plusieurs matières et minéraux dont le monde a besoin pour assurer un avenir à carbone réduit. Ils ont la taille, les employés et les capacités technologiques pour réaliser d’importants progrès.
En ce qui concerne les émissions de GES, les entreprises des secteurs de l’énergie et des ressources de premier plan du Canada sont déjà parmi les producteurs les plus propres et les plus efficaces à l’échelle mondiale. Les partisans de l’action climatique devraient s’employer à renforcer la capacité de ces industries de croître et d’investir dans des solutions pour le climat plutôt que de chercher à s’en débarrasser (en anglais seulement) ou à leur donner un rôle secondaire. Le budget fédéral prend de premières mesures afin d’atténuer les risques liés aux projets transformateurs de réduction des GES; il devra toutefois en faire beaucoup plus au cours des trois prochaines décennies pour atteindre ces cibles ambitieuses.
Il faut fournir un soutien stratégique semblable pour faire fond sur les forces existantes du Canada dans un éventail de technologies à faibles émissions de carbone. Parmi ces technologies, notons l’hydrogène (en anglais seulement), les carburants à faible teneur en carbone, l’énergie nucléaire (en anglais seulement) et les minéraux critiques, comme le cuivre, le lithium et le cobalt, essentiels à la technologie des batteries (en anglais seulement) et une production accrue d’énergie propre.
Il est urgent de bien faire les choses, dès maintenant. Le Canada fera face à une concurrence accrue au sein de l’économie mondiale, au fur et à mesure que la pandémie (en anglais seulement) s’estompe et que le monde se prépare à un avenir à carbone réduit. D’autres pays profitent de cette initiative et élaborent leurs propres stratégies pour en tirer un avantage sur les plans économique et environnemental. Il faut que les gouvernements, le secteur privé et les citoyens canadiens rament tous dans la même direction, animés du même sens du devoir. C’est la seule façon d’y arriver.