Lettre au très honorable premier ministre Justin Trudeau, c.p., député, en prévision de la retraite du cabinet d’août 2023

Monsieur le Premier Ministre,

Vous vous réunissez la semaine prochaine avec votre cabinet reconstitué alors que de plus en plus de signes indiquent que l’économie mondiale est en train de s’affaiblir. Chez nous, les taux d’intérêt élevés, la faible productivité et l’inflation persistante pèsent lourdement sur l’économie nationale. Les Canadiens ont des difficultés financières et s’inquiètent de leur avenir et de celui de leur famille.

Votre gouvernement est chargé d’apporter aux Canadiens et aux entreprises les solutions politiques dont ils ont besoin pour atteindre la prospérité grâce à une croissance économique à long terme. À cette fin, nous avons été encouragés d’apprendre que le ministre Anand entreprend l’examen des politiques stratégiques qui avait été promis dans les budgets 2022 et 2023. Il reste encore beaucoup à faire et nous vous invitons à vous concentrer sur les trois priorités suivantes :

Adopter un point d’ancrage budgétaire significatif

La dette fédérale a plus que doublé au cours des trois dernières années. Les frais de la dette publique en avril et mai ont augmenté de plus de 1,3 milliard de dollars, soit 23 % d’une année sur l’autre. Par conséquent, une proportion beaucoup plus importante des recettes publiques devra être consacrée aux coûts du service de la dette. C’est pourquoi nous continuons à vous demander d’adopter un point d’ancrage budgétaire significatif. Plus précisément, nous souscrivons au point d’ancrage proposé par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, qui consiste à limiter les coûts du service de la dette à 10 % des recettes.

La récente dégradation de la note de la dette américaine par Fitch Ratings est une mise en garde et une source de grande inquiétude. Le prochain énoncé économique de l’automne doit démontrer l’engagement ferme de votre gouvernement envers la responsabilité fiscale en établissant un point d’ancrage qui guide le pays vers des dépenses durables, en tenant compte à la fois des effets de l’inflation et des taux d’intérêt.

La mise en œuvre d’un plan de réforme de l’octroi des permis

Le budget 2023 prévoyait l’élaboration d’un plan concret — d’ici la fin de l’année — pour accélérer l’approbation des grands projets afin de faciliter la transition énergétique, de réduire les émissions et de veiller à ce que nous puissions livrer les ressources naturelles et les minéraux critiques du Canada à nos alliés internationaux. Bien qu’un processus de collaboration soit en cours, les États-Unis et l’Europe agissent de manière beaucoup plus agressive pour réduire les délais d’approbation des projets nécessaires à la réalisation de leurs objectifs en matière de sécurité et de climat.

Nous vous exhortons donc à accélérer la mise en œuvre du plan et à introduire toutes les modifications législatives nécessaires à sa mise en œuvre par le biais de la Loi d’exécution du budget, Partie II. Nous vous demandons également d’inclure dans votre plan des mesures visant à améliorer l’accès au capital pour les communautés et les entreprises autochtones. Les partenariats en capitaux propres avec les collectivités autochtones sont essentiels à l’approbation efficace et efficiente de nouveaux projets et peuvent contribuer de manière importante à la réconciliation économique.

Saisir les possibilités en matière de transition énergétique

La pièce maîtresse du budget 2023 était une série de mesures visant à stimuler l’investissement dans la transition vers l’énergie propre. Mais une annonce d’intention est insuffisante lorsque d’autres pays, notamment les États-Unis, ont déjà mis en place des processus pour offrir les incitations qui attirent de nouveaux investissements du monde entier, y compris de la part d’entreprises canadiennes.

Les entreprises canadiennes et les investisseurs internationaux ont besoin de toute urgence des détails concernant les conditions de chaque crédit d’impôt afin de déterminer comment ils réduiront les risques liés aux investissements potentiels. En l’absence de détails sur la manière dont ces incitations seront mises en œuvre, nous risquons d’être privés d’un afflux générationnel d’investissements directs tant nationaux qu’étrangers. Pour la même raison, le gouvernement doit tenir sa promesse de rendre la tarification du carbone plus prévisible pour les projets de croissance propre.

En s’attaquant à ces priorités, on aurait un impact immédiat et positif sur l’économie canadienne, en améliorant les perspectives de croissance durable et équitable à long terme et en renforçant la prospérité de tous les Canadiens. À défaut de répondre aux priorités susmentionnées, l’incertitude s’accroît et les Canadiens risquent de voir leur niveau de vie s’éroder encore davantage.

Sincèrement,

Goldy Hyder

c.c. L’honorable Chrystia Freeland
Vice-premèire ministre et ministre des Finances

L’honorable Anita Anand
Présidente du Conseil du Trésor