Article publié dans le National Post

Tout au long de la pandémie de COVID-19, les transporteurs aériens du Canada ont répondu à toutes les demandes raisonnables présentées par nos dirigeants politiques, et plus encore.

Lors de l’entrée en vigueur des restrictions concernant les déplacements internationaux, en mars dernier, ils se sont mobilisés afin de ramener au pays les Canadiens qui étaient coincés à l’étranger.

Ils ont été parmi les premiers transporteurs aériens au monde à exiger le port du masque parmi les passagers, à fournir aux membres d’équipage de l’équipement de protection individuelle à la fine pointe et à mettre en œuvre des procédures rigoureuses de nettoyage des aéronefs.

Pendant plusieurs mois, l’industrie a travaillé avec des scientifiques et des responsables de la santé publique afin d’explorer l’efficacité de diverses périodes de quarantaine et de déterminer si le contrôle et le dépistage rapide pouvaient protéger les voyageurs et les frontières. Ils ont fait tout cela sans se poser de questions, et ce, malgré le fait que peu de cas de COVID-19 au Canada sont attribués aux expositions à la suite d’un déplacement et qu’aucun cas de transmission à bord n’a été documenté au Canada.

La fin de semaine dernière, à la demande du premier ministre, ils ont pris la mesure sans précédent de suspendre tous les vols à destination des Caraïbes et du Mexique. En même temps, ils ont remanié leurs horaires afin de garantir que les vols internationaux arrivants atterrissent dans l’une des quatre villes suivantes seulement : Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.

Ces dernières mesures infligeront des dommages financiers supplémentaires à un secteur qui souffre déjà d’une hémorragie de liquidités après avoir vu son trafic de passagers baisser de 95 %.

À la lumière de ces faits, il est à la fois déconcertant et tragique, plus de 10 mois après le début de la pandémie, que le gouvernement fédéral n’ait toujours pas présenté un plan complet pour empêcher l’effondrement financier de cette industrie.

Quand les premiers confinements pour lutter contre la COVID-19 ont été annoncés, au printemps dernier, Ottawa a indiqué officiellement qu’il ne voulait pas perdre un temps précieux à créer un vaste éventail de programmes de soutien aux entreprises « propres à chaque secteur ».

Il a plutôt choisi de déployer des initiatives générales, comme la subvention salariale fédérale, conçue pour aider les employeurs dont les revenus avaient considérablement baissé.

Cette approche aurait pu suffire, si cette urgence sanitaire n’avait duré que quelques mois. Il y a toutefois bien longtemps qu’elle a perdu tout son sens. Les programmes d’aide actuels auraient pu être efficaces à long terme seulement si on leur avait apporté des changements considérables.

Aucun autre groupe d’employeurs importants au Canada n’a été aussi durement touché que les transporteurs aériens. Air Canada et WestJet seulement ont dû mettre à pied plus de 30 000 travailleurs qualifiés. Dans le secteur de l’aviation en général, près de la moitié des membres d’Unifor, le plus important syndicat privé au Canada, ont été mis à pied, sont en congé forcé ou ont vu leur emploi être éliminé.

Dans le discours du Trône prononcé en septembre dernier, le gouvernement fédéral a laissé sous-entendre qu’une aide financière était en voie d’être versée. Pourtant, nous voici rendus en février et l’industrie attend toujours. Hormis l’Italie, le Canada est le seul pays membre du G7 à ne pas avoir fourni une aide financière considérable à ses transporteurs aériens nationaux.

Qu’attendez-vous? Sans l’aide du gouvernement, une partie cruciale de l’infrastructure stratégique nationale du Canada subira des dommages importants, ce qui portera préjudice aux Canadiens à long terme.

Les transporteurs aériens, les aéroports et le reste du secteur de l’aviation du Canada sont essentiels, non seulement à l’économie, mais aussi à d’innombrables collectivités d’un océan à l’autre.

Plus Ottawa attend, plus les conséquences seront dispendieuses. Les transporteurs aériens ont été contraints de réduire radicalement leurs itinéraires pour survivre, ce qui laisse certaines collectivités sans aucun vol.

Ajoutons à cela l’annulation des programmes de formation afin de remplacer les contrôleurs aériens qui prennent leur retraite, ce qui mènera inévitablement à des pénuries futures.

Toute reprise importante des déplacements aériens, quand elle se produira, pourrait être sapée si des travailleurs comme les pilotes, les contrôleurs aériens et les mécaniciens n’ont pas été en mesure de maintenir leurs compétences et leurs qualifications.

À titre d’exemple, les pilotes doivent continuer de voler, sous peine de perdre leur licence. Il peut s’écouler jusqu’à deux ans avant de recertifier un pilote, sans compter que ce processus est extrêmement dispendieux.

Des pays de partout dans le monde ont reconnu qu’il allait dans leur intérêt national de compter sur un secteur de l’aviation solide.

Les transporteurs aériens et les travailleurs du secteur de l’aviation nous connectent avec le monde entier et entre nous. L’industrie est une partie cruciale des échanges de produits et de services du Canada, et un pilier clé de l’industrie touristique.

Quand la pandémie sera derrière nous, les Canadiens retrouveront leur soif d’explorer notre vaste pays et de se réunir avec leurs proches. Ottawa doit intervenir maintenant et présenter un plan qui permettra de rouvrir en toute sécurité le secteur de l’aviation. Il en va de la survie d’un service essentiel.