Le budget libéral échoue au test de confiance : la politique fiscale, les impôts et la croissance économique se dégradent

Comme publié dans le Toronto Star

Inspirer la confiance dans l’économie canadienne est la priorité absolue de tout ministre des finances. Cela ne se fait pas par des annonces quotidiennes, mais par une politique publique saine et réfléchie. Malheureusement, le budget fédéral de cette semaine ne satisfait pas au test de confiance.

En ce qui concerne la politique fiscale, les impôts et la croissance économique, le plan budgétaire présenté par Chrystia Freeland la semaine dernière représente une détérioration considérable par rapport à la situation qui prévalait avant le budget. Et soyons clairs, nous étions déjà en situation difficile. Au cours des six derniers trimestres, notre PIB par habitant a suivi une tendance à la baisse. Les chiffres de notre productivité ne cessent de se dégrader.

Le gouvernement se rapproche rapidement de la fin de sa piste d’atterrissage imaginaire. Néanmoins, dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés, il a choisi d’ajouter 57 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur cinq ans. Le gouvernement affirme qu’il dépensera désormais 95 milliards de dollars de plus en 2024-2025 que ce qu’il avait prévu pour le même exercice financier dans le budget de 2021.

Il s’avère que les chiffres ont leur importance après tout. L’année prochaine, tout l’argent que les Canadiens versent au titre de la TPS servira à une seule chose : payer les frais d’intérêts de notre dette passée. Et oui, 54,1 milliards de dollars. Les frais de service de la dette pour la dette passée absorbent déjà plus de 10 % des recettes publiques et ce chiffre ne peut que s’accroître.

Mais certains affirment que le gouvernement a besoin de plus « d’investissements ». Le problème avec tous ces arguments, c’est que les retours sur investissement (c’est-à-dire plus de dépenses) ont été très faibles après la pandémie — et que les dépenses ont été très mal ciblées. Notre économie est aujourd’hui, plus que jamais, liée à une consommation accrue et devient de moins en moins productive : le logement, les dépenses de consommation et les dépenses courantes du gouvernement représentent 84 % du PIB du Canada.

En ce qui concerne les impôts, le budget envoie un message terrible. En augmentant le taux d’inclusion des gains en capital, le gouvernement admet qu’il a une dépendance à la dépense. La conséquence de cette tendance continue aux dépenses est coûteuse : non seulement le ministre des Finances rend le cadre budgétaire plus fragile à l’avenir en augmentant notre déficit structurel (ne croyez pas les projections optimistes), mais elle augmente les impôts sur l’investissement privé à un moment où nous en avons le plus besoin.

L’argument de l’équité fiscale est franchement faible. Il ne tient pas compte du fait que les capitaux qui ne sont pas déployés dans l’économie canadienne constituent une perte nette. Nous sommes en concurrence avec notre voisin, les États-Unis, en matière de capital, et l’imposition des rendements du capital à des niveaux beaucoup plus élevés ne fera qu’aggraver notre crise de compétitivité et de productivité.

Pour les entrepreneurs, les innovateurs, les preneurs de risques, les entreprises et les investisseurs, le message ne peut être plus clair : votre argent n’est pas le bienvenu ici. La redistribution des richesses par le biais d’une politique électorale à court terme à la Robin des Bois ne trompera personne. Chaque dollar qui n’est pas investi dans l’économie canadienne a des conséquences néfastes pour les travailleurs canadiens. Elle réduit leurs salaires, leur épargne-retraite et leur niveau de vie.

En ce qui concerne la réforme de la réglementation, le gouvernement ne cesse de temporiser. Nous n’avons pas besoin de plus de comités, nous avons besoin d’action. La transition énergétique est en jeu. Nous risquons de perdre d’importants investissements privés si, en tant que pays, nous ne nous ressaisissons pas.

Dans un discours prononcé quelques semaines avant le budget fédéral, Carolyn Rogers, sous-gouverneure de la Banque du Canada, a lancé cet avertissement sur le problème de productivité du Canada : « Vous avez déjà vu ces panneaux qui disent de briser la vitre en cas d’urgence. Eh bien, il est temps de briser la vitre ».

Le progrès est un choix. Le Canada n’est pas un cas désespéré. Pour améliorer notre productivité et notre compétitivité, il faut mettre l’accent à long terme sur l’innovation, la science et la technologie, et non se contenter de quelques annonces isolées.

La responsabilité des décideurs politiques est de fournir un investissement commercial solide pour la croissance économique. Mais ce dont nous avons le plus besoin, c’est d’un gouvernement qui considère le secteur privé comme un partenaire, et non comme un problème.