L’augmentation de l’impôt des sociétés finira par nuire aux Canadiens

Comme publié dans The Hub

Le gouvernement fédéral a un problème de dépenses. Non seulement il s’est montré incapable de maîtriser les dépenses courantes, mais il semble prêt à annoncer de nouvelles dépenses dans le budget du mois prochain. Cela soulève l’éternelle question de savoir comment il compte financer ces dépenses. 

La dernière rumeur en date à Ottawa veut que le gouvernement tente de résoudre son problème en introduisant un nouvel impôt sur les sociétés, ciblant les entreprises les plus prospères du Canada. Après tout, les grandes entreprises sont devenues une cible de choix pour les politiciens. Qui se soucierait d’une nouvelle réduction de leurs profits ? 

En fait, nous devrions tous nous en préoccuper, car nous en subirions tous les conséquences. 

Les attaques politiques contre les entreprises du secteur privé ne tiennent pas compte des relations symbiotiques entre les Canadiens et les entreprises en tant qu’employés, fournisseurs et investisseurs. Dans cette optique, l’imposition des profits des entreprises va à l’encontre des intérêts des Canadiens. 

Prenons l’exemple de l’emploi : les plus grandes sociétés cotées en bourse de ce pays emploient des millions de Canadiens 1. Les emplois, les salaires et les avantages de ces employés canadiens – qui peuvent inclure diverses formes de régimes complémentaires de santé et de retraite – dépendent des revenus et de la rentabilité des entreprises qui les emploient. 

Prenons l’exemple des chaînes d’approvisionnement : de nombreuses, voire la plupart des petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes font partie des chaînes d’approvisionnement et de valeur nationales des grandes entreprises. Ces liens entre les entreprises créent des emplois pour des millions de Canadiens. Si les revenus des grandes entreprises diminuent, elles achèteront moins de biens ou de services auprès de fournisseurs canadiens.

Prenons l’exemple de l’investissement : des millions de Canadiens ont investi leur épargne-retraite dans des sociétés cotées à la Bourse de Toronto, soit directement par le biais d’actions personnelles, soit par le biais de fonds communs de placement. La valeur de ces investissements repose sur le cours des actions, qui dépend de la rentabilité actuelle de la société et de ses perspectives de croissance. 

Si le gouvernement impose de nouveaux impôts sur les sociétés afin de financer de nouvelles dépenses, il obligera les entreprises canadiennes concernées à réduire leurs plans de croissance, à répercuter le coût des impôts sur les prix ou pire encore, à réduire leurs activités. Cette situation serait préjudiciable à l’ensemble des consommateurs, des employés, des fournisseurs et des investisseurs canadiens.

Chacun de ces scénarios exacerberait la crise de l’accessibilité financière. La réduction des profits entraîne une réduction des activités, ce qui se traduit par une diminution des biens produits et des services fournis. Si les activités et les revenus diminuent, cela provoquera des suppressions d’emplois tout au long des chaînes d’approvisionnement. Un taux de chômage et des prix plus élevés, couplés à des investissements moins importants de la part des entreprises, voilà une bonne recette pour la stagnation économique.

Les retraités en seraient également pénalisés. Un nouvel impôt sur les profits entraînerait une chute du cours des actions, ce qui réduirait la valeur des investissements. Et ce, au moment même où le Canada connaît un changement démographique dans lequel de plus en plus de baby-boomers quittent le marché du travail pour prendre leur retraite et comptent sur leurs investissements pour assurer leur subsistance après la fin de leur carrière.

Réfléchissez à cela dans le contexte d’un ménage canadien. Prenons l’exemple d’une famille qui, après avoir payé tous ses impôts – y compris l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les gains en capital, l’impôt foncier et d’autres taxes à la consommation telles que la TVH – parvient encore à disposer d’un peu de revenu disponible. Imaginez que le gouvernement leur dise qu’il leur reste trop et qu’ils doivent payer un nouvel impôt. 

Lorsque le gouvernement cible les entreprises rentables, il ne leur reconnaît pas les emplois qu’elles créent, les portefeuilles d’investissement qu’elles soutiennent ou les fournisseurs de taille moyenne qu’elles maintiennent en activité. Le gouvernement ne reconnaît pas non plus que les impôts étant basés sur un pourcentage des revenus, lorsque les entreprises gagnent plus, elles paient déjà des impôts plus élevés.

C’est bien sûr également le cas de la TVH. Lorsque le coût des biens et des services augmente en raison de l’inflation, le montant de la taxe perçue par le gouvernement fédéral est plus élevé en tant que pourcentage de ces prix plus élevés. Le petit secret dont le gouvernement ne parle pas, c’est que pendant cette période d’inflation, il perçoit plus de recettes fiscales qu’avant la COVID-19.

Si le gouvernement veut se concentrer sur le résultat final, le voici : l’augmentation de l’impôt sur les sociétés n’aidera pas les Canadiens – elle leur nuira. Elle découragera davantage les investissements des entreprises au Canada et obligera les entreprises canadiennes prospères à limiter ou à annuler leurs plans de croissance. De nouveaux impôts sur les profits nuiront aux consommateurs, aux employés, aux fournisseurs et aux investisseurs.