Lettre ouverte aux leaders gouvernementaux à l’approche du Sommet des leaders nord-américains. 

Président Andrés Manuel López Obrador
Président Joseph R. Biden
Premier ministre Justin Trudeau

Le Sommet des leaders nord-américains (SLNA) de cette semaine – la deuxième rencontre trilatérale de ce genre depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Canada–États-Unis-Mexique (ACEUM/USMCA/T-MEC) le 1er juillet 2020 – représente une occasion unique de stimuler la compétitivité économique du continent.  Le paysage du commerce international et de l’investissement a été transformé ces dernières années ; et l’Amérique du Nord doit agir rapidement si elle veut tirer parti de ses avantages concurrentiels inégalés.

Collectivement, nos trois pays représentent près d’un tiers de l’activité économique mondiale. Le Canada, les États-Unis et le Mexique englobent un marché de plus de 500 millions de consommateurs, et ces trois pays sont régulièrement le principal partenaire commercial de l’autre. Aujourd’hui, près de la moitié du commerce nord-américain est intra-régional.

À la veille de la dernière rencontre du SLNA en novembre 2021, des groupes d’affaires de partout en Amérique du Nord se sont réunis pour insister sur la nécessité d’établir des partenariats entre les secteurs public et privé en vue de développer le commerce, soutenir efficacement les PME, prévenir les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, stimuler la compétitivité économique, faire respecter la primauté du droit et se conformer à nos engagements communs pris dans le cadre de l’ACEUM/USMCA/T-MEC.

Si nous reconnaissons les importants progrès réalisés au cours des 14 derniers mois, nous savons qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre ces objectifs. L’ACEUM/USMCA/T-MEC a pour objet de faciliter une étroite coopération économique et d’offrir une sécurité juridique pour le commerce et les investissements transfrontaliers, tout en s’appuyant sur de solides mécanismes de règlement des différends. Il importe néanmoins de développer des politiques adéquates afin d’éviter le recours à ces mécanismes, qui devraient idéalement être de dernier ressort. Nous demandons à nos gouvernements de travailler à une résolution rapide des procédures de règlement des différends de l’ACEUM/USMCA/T-MEC sur l’énergie, les règles d’origine pour le secteur de l’automobile et les contingents tarifaires pour les produits laitiers. Nous encourageons en outre les trois gouvernements à négocier, par le dialogue et la coopération, la résolution des problèmes en cours — tels que l’interdiction potentielle du maïs génétiquement modifié — d’une manière qui évite le recours aux procédures de règlement des différends. L’atteinte de nos objectifs communs de résilience, de croissance économique, de création d’emplois et de bien-être de notre population dépend de la poursuite d’actions stratégiques en faveur de l’Amérique du Nord.

Il y a plus de 30 ans, les concepteurs de l’Accord de libre-échange nord-américain original ont jeté les bases d’une plateforme de chaînes d’approvisionnement continentales qui permettait aux entreprises et aux travailleurs de ces trois pays d’avoir des relations commerciales fructueuses avec d’autres pays et de leur faire concurrence. Un des plus beaux exemples de cela est l’industrie automobile nord-américaine fortement intégrée. Aujourd’hui, pour la première fois de l’histoire, l’Amérique du Nord a la chance inouïe de devenir le premier producteur mondial de véhicules électriques (VE). Mais nous réussirons seulement si nous travaillons ensemble pour contrer les pénuries de matières premières essentielles, encourager les investissements dans de nouvelles capacités de production et faciliter l’achat de VE par les consommateurs.

Dans tous les secteurs, la capacité de l’Amérique du Nord à entrer en concurrence avec le reste du monde dépendra considérablement de la sécurité énergétique continentale et du plan de transition qui garantit l’accès à une électricité et à un carburant propres et fiables à des prix compétitifs, permettant ainsi aux investisseurs d’atteindre leurs objectifs environnementaux mondiaux ainsi que leurs propres objectifs commerciaux. Notre continent doit saisir l’occasion de devenir un fournisseur fiable d’énergie plus propre, de minéraux critiques et de technologies à faible émission de carbone sur les marchés mondiaux.

Dans le contexte mondial actuel d’insécurité alimentaire croissante, le respect de nos engagements commerciaux nord-américains fondés sur la science nous permettra de répondre aux besoins alimentaires de nos populations et du monde, d’améliorer notre environnement et de faire progresser la prospérité des personnes œuvrant dans nos secteurs agricoles.

Pour concrétiser cette vision d’un continent nord-américain compétitif, il est essentiel que nos gouvernements collaborent à l’élaboration de stratégies qui renforcent la primauté du droit, assurent la certitude commerciale et adhèrent aux meilleures pratiques mondiales en matière de transparence, de prévisibilité, de stabilité, de responsabilité et de procédure équitable.

Nous souhaitons souligner une fois de plus l’importance de préserver le flux des échanges dans les situations d’urgence. Lors de la rencontre de la Commission de libre-échange ACEUM/USMCA/T-MEC qui s’est tenue l’été dernier à Vancouver, vous vous êtes engagés à mettre en place un sous-comité qui coopérerait en cas d’urgence pour maintenir, rétablir ou aborder d’une autre manière les questions liées au commerce transfrontalier, en plus d’un groupe de travail qui développerait une compréhension commune des priorités en matière d’infrastructures essentielles. En tant que groupes d’affaires, nous vous offrons notre savoir-faire et serions heureux de participer aux discussions en vue d’établir un protocole trinational qui réduirait les perturbations économiques lors de crises futures.

En s’engageant à mettre en œuvre et à respecter pleinement l’ACEUM/USMCA/T-MEC ; à mettre en place des programmes complets pour soutenir les PME ; à prendre des mesures pour se préparer aux situations d’urgence et soutenir des chaînes d’approvisionnement résilientes ; à renforcer les institutions démocratiques ; à garantir la sécurité commerciale ; et à faire respecter la primauté du droit, les trois gouvernements créent des conditions plus favorables à la concurrence et à de nouveaux potentiels pour les entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs de l’économie.

Au nom des milieux d’affaires des trois pays, nous sommes impatients de travailler avec vos gouvernements pour faire avancer ces recommandations et bâtir un avenir meilleur pour les personnes de partout en Amérique du Nord.

Consejo Coordinador Empresarial
Chambre de commerce des États-Unis
Conseil canadien des affaires