L’Amérique du Nord a plus que jamais besoin de l’ACEUM
Comme publié dans The Brookings Institution
Lorsque le texte de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) a été finalisé en décembre 2019, personne n’aurait pu prédire qu’il s’ensuivrait bientôt une pandémie mondiale et une transition géopolitique dramatique marquée par le retour de conflits entre grandes puissances. Ces deux chocs du système commercial international ont eu un effet déstabilisateur sur tous les continents.
Pourtant, l’Amérique du Nord s’est montrée particulièrement résistante. Cela doit être attribué, dans une certaine mesure, à la manière dont l’ACEUM a permis à nos trois pays d’exploiter collectivement nos avantages nationaux. Les chefs d’entreprise nord-américains se sont fortement appuyés sur l’ACEUM pour rapatrier les chaînes de valeur et d’approvisionnement, en réinvestissant dans la fabrication et dans notre base industrielle. Depuis son entrée en vigueur, l’ACEUM offre un degré plus élevé de certitude, de stabilité et de prévisibilité à ceux qui cherchent à investir en Amérique du Nord, ce qui n’est pas le cas dans d’autres régions du monde. C’est pourquoi une révision rapide et réussie de l’ACEUM avant le milieu de l’année 2026 est si importante pour la résilience continue de l’économie nord-américaine.
Si l’avenir de l’accord est remis en question par des différends politiques ou des divisions internes ou entre nos trois pays, cela porterait atteinte à ce qui a préservé notre prospérité à un point d’inflexion crucial de l’histoire moderne. Cela découragerait les investissements en capital, tant étrangers que nationaux, qui sont indispensables pour éviter la récession.
Certains affirment que le processus de révision est un moment opportun pour examiner les moyens de moderniser l’ACEUM. Selon eux, il est possible d’apporter des modifications soigneusement adaptées, sur mesure, sans avoir recours à de vastes renégociations. Ce point de vue est optimiste. Le moindre fil tiré pourrait rapidement défaire tout ce que nous avons cousu ensemble. Ce n’est pas un risque à prendre.
La voie la plus sûre est d’examiner l’accord tel qu’il est rédigé, sans y ajouter de complications ou de modifications inutiles. Six ans seulement se seront écoulés depuis l’entrée en vigueur de l’ACEUM, une période trop courte pour procéder à une évaluation complète de l’accord, d’autant plus que la plupart de ces années ont été marquées par des événements mondiaux qui n’arrivent qu’une fois par génération.
Les chefs d’entreprise canadiens, américains et mexicains ont travaillé en étroite collaboration pour s’assurer que l’ACEUM soit évalué de manière positive. Nous collaborons avec un large éventail de la société civile, y compris les syndicats, afin d’élaborer des arguments fondés sur des données pour démontrer les avantages de l’ACEUM pour tous les Nord-Américains et les pertes qui seraient subies si l’accord n’était pas prolongé.
En outre, les chefs d’entreprise prônent activement le respect des termes de l’ACEUM par nos gouvernements en veillant à ce qu’il soit à la fois pleinement mis en œuvre et équitablement appliqué. Nos trois gouvernements doivent prendre au sérieux les plaintes selon lesquelles les politiques ou les programmes nationaux vont à l’encontre de la lettre ou de l’esprit de l’accord et prendre des mesures pour s’assurer qu’ils sont conformes.
Pour réaliser le plein potentiel de l’ACEUM, nous devons également veiller à ce que l’Amérique du Nord dispose de l’infrastructure nécessaire. Cela comprend à la fois d’un réseau de transport intégré pour soutenir les chaînes d’approvisionnement et de valeur du continent et d’une infrastructure favorisant les échanges commerciaux pour permettre aux biens et services nord-américains d’être exportés vers les marchés mondiaux.
L’ACEUM n’a pas été négocié uniquement pour promouvoir le commerce et l’investissement sur notre continent commun, mais pour faire en sorte que l’Amérique du Nord devienne un moteur économique et industriel capable de fournir des biens et des services aux pays du monde entier. Il a été conçu pour améliorer à la fois notre compétitivité et notre capacité à faire face à la concurrence mondiale.
Enfin, nous devons reconnaître que certains de nos concurrents étrangers ont renoncé au consensus qui régit l’économie mondiale depuis la fin de la Guerre froide. Ils se sont éloignés du multilatéralisme et de la mondialisation et, dans certains cas graves, ont cherché à militariser le commerce et à perturber l’économie nord-américaine par divers moyens.
Compte tenu des tensions géopolitiques croissantes en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, la sécurité économique de l’Amérique du Nord est peut-être plus menacée aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été au cours des cinquante dernières années. Dans ce contexte, l’ACEUM s’est avéré être plus qu’un simple accord commercial, c’est un rempart contre l’instabilité mondiale. Nous devons veiller à ce qu’il soit maintenu.
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